Nutrition animale : vers les 19,7 Mt en 2024
La fabrication française d’aliments pour animaux connaît un rebond cette année après plusieurs épidémies d’influenza aviaire. Les volailles mais aussi les ruminants tirent les productions nationales vers le haut. À tel point que le président du Snia insiste sur la possibilité de retrouver un volume de 20 Mt dès 2025, malgré l’érosion continue des aliments pour porcs.
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François Cholat est optimiste pour la nutrition animale française. Le président du Snia l’a redit lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat de la nutrition animale privée, jeudi 12 septembre, estimant que les 20 Mt pourraient être atteints, voire dépassés en 2025, si aucune épizootie ne vient rompre la dynamique enregistrée depuis le début de l’année.
La nutrition animale française a perdu 1,7 Mt en cinq ans, mais ce sont en effet surtout les maladies animales, notamment l’influenza aviaire, qui l’ont fait reculer si fortement selon les professionnels. « 2023 a été une année charnière », confirme Philippe Manry, vice-président du Snia et directeur général de Sanders. « Sur la campagne 2023-2024, nous sommes remontés à 19,6 Mt, ce qui laisse envisage une année 2024 à 19,7 Mt », estime-t-il.
« Tous mobilisés autour de la biosécurité »
Certains segments restent en retrait : les aliments pour porcs, ceux pour les lapins et les aliments pour les segments premium. Le bio continue ainsi à reculer depuis le Covid sous l’effet principal de l’inflation, mais « il semble que nous ayons atteint le plancher avec une légère reprise en 2024 », souligne le dirigeant.
Les élus du Snia veulent en tout cas y croire et font valoir leurs arguments. « Nous voulons contribuer au redéploiement de l’élevage », affirment-ils. Ils veulent prendre part à la reprise des productions animales françaises et insistent sur leur rôle pour accompagner la transmission des exploitations, leur modernisation et leurs performances. « Les problèmes sanitaires sont une épée de Damoclès : l’influenza aviaire, la fièvre porcine africaine, la FCO… », liste Philippe Manry, qui se veut rassurant : « Elles font partie de notre métier désormais et nous sommes tous mobilisés autour de la biosécurité. »
Un environnement économique instable
L’environnement économique n’est pas non plus serein. Certes, les prix des matières premières reviennent à des niveaux plus raisonnables cette année. « Mais la volatilité fait son retour en ce moment, en raison de la mauvaise récolte ou des mises à l’arrêt de certaines usines comme celle de production de vitamines de BASF », illustre Philippe Manry.
L’insécurité est également présente sur le segment des protéines sous l’effet de l’entrée en application du règlement européen sur la non-importation de la déforestation. « Nos fournisseurs ne se positionnent toujours pas en volume ni en prix alors que nous ne sommes plus qu’à trois mois de l’entrée en application », s’inquiète Ludovic Michel, vice-président du Snia et dirigeant avec ses deux frères du groupe Michel. Malgré cette incertitude, la nutrition animale française avance collectivement vers son objectif de 100 % de soja non déforesté selon la charte Duralim. « Nous demandons une application pragmatique de cette non-déforestation. La Fefac a estimé à 2,28 Mds€ le surcoût d’une application du règlement tel qu’il est rédigé actuellement », insiste le dirigeant.
Recyclage, carbone, RSE…
Collectivement, la nutrition animale tient aussi le cap de ses autres engagements volontaires, la décarbonation, la lutte contre les émissions de méthane ou bien encore la collecte et le recyclage des emballages avec Valoralim qui, dès sa première année, connaît un vrai succès.
Le guide méthodologique du calcul de l’empreinte carbone, testé dans les entreprises depuis le début de l’année, est ainsi rendu public cette semaine. Le CSNA (Conseil scientifique de la nutrition animale) va publier fin octobre son guide sur les leviers à disposition du secteur pour réduire les émissions de méthane des élevages. Tecaliman coordonne par ailleurs l’observatoire de l’énergie dans lequel 54 sites sont déjà engagés pour réduire l’empreinte environnementale des usines.
La responsabilité sociétale des entreprises est un autre des sujets importants au niveau collectif, le Snia fait évoluer cet automne son référentiel stratégique avec le lancement de Respons 2.0.
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